Illusion financière de Gaël Giraud Présentation

publié le 4 décembre 2020

La transition écologique est-elle finançable, alors même que la dette publique est déjà considérable, et va être fortement alourdie par la crise de la Covid19 ? Gaël Giraud répond positivement à cette question sans aucune ambiguïté.

Gaël Giraud est docteur en mathématiques appliquées. Il a travaillé de 1999 à 2004 à la conception de modèles mathématiques utilisés pour la finance de marché. Il est directeur de recherche au CNRS et également professeur. Il a été de 2015 à 2019 économiste en chef de l’Agence Française de Développement, et il est actuellement président d’honneur de l’institut Rousseau, « laboratoire d’idées attaché à la reconstruction écologique et démocratique de nos sociétés, dans toutes ses composantes économiques, sociales et institutionnelles ».

Par ailleurs Gaël Giraud est prêtre jésuite et docteur en théologie. Il a soutenu en 2020 une thèse : Composer un monde en commun – une théologie politique de l’anthropocène1.

Il a publié plusieurs ouvrages, dont notamment Vingt propositions pour réformer le capitalisme (Flammarion, 2012), codirigé avec Cécile Renouard, Facteur 12 – pourquoi il faut plafonner les revenus (Carnet Nord, 2012), et Illusion financière – Des subprimes à la transition écologique (Les éditions de l’atelier, 2014).

Dans Illusion financière, Gaël Giraud montre comment le système financier actuel, loin d’être au service de l’économie réelle, lui est néfaste, et comment il fait peser sur les Etats des risques incommensurables. Il démonte la croyance sur la base de laquelle ce système s’est imposé : dans les faits les marchés financiers n’allouent pas au mieux les ressources, loin de là.

Il nous explique avec pédagogie les effets pervers des outils financiers créés depuis la dérégulation des années 80, outils et effets proprement ahurissants pour le profane et extrêmement dangereux. Même si le sujet peut paraître rébarbatif, il est essentiel de comprendre comment fonctionne aujourd’hui ce système financier auquel nos sociétés se sont soumises, et qui nous conduit au désastre financier, social et écologique. Il est impératif de le réguler de nouveau, comme le conclut Gaël Giraud en proposant des modalités précises, assez similaires aux dispositions prises par Roosevelt après la crise de 1929.

Gaël Giraud montre également que remettre la création monétaire aux mains d’une banque indépendante, la Banque Centrale Européenne, revient en pratique à donner le pouvoir de la création monétaire aux banques privées. Cette décision de confier la monnaie européenne à une banque indépendante était fondée sur deux autres croyances erronées : faire « tourner la planche à billets » génèrerait nécessairement de l’hyperinflation, et les Etats seraient moins responsables que les acteurs privés. Nous payons cher cette décision, qui a gonflé le coût de la dette publique. Quant au but recherché, il est complètement manqué puisqu’une création monétaire débridée s’est produite, sans d’ailleurs que l’économie réelle n’en ait profité.

Il nous faut remettre la monnaie au service de la société. Gaël Giraud propose de la considérer comme un bien commun, tel que le définit Elinor Ostrom, et de la gérer comme telle. Il suggère de créer à cette fin une chambre budgétaire de la zone euro, rassemblant les députés des commissions des finances et des affaires sociales, des parlements nationaux et européen.

Dès lors que l’on reconnaît à nouveau la légitimité de la puissance publique à créer de la masse monétaire, le financement de la transition écologique devient chose possible. Cela peut se faire via des emprunts de longue durée à taux très bas. En fait Gaël Giraud ne se contente pas de montrer que le financement de la transition est possible ; il montre aussi en quoi cet investissement est le seul moyen de refonder le projet européen et de relancer l’économie.

L’article qui suit propose une synthèse d’Illusion financière.

Pour en savoir plus, vous pouvez écouter ou regarder une des interventions de Gaël Giraud dans les médias. Je vous en suggère deux que je trouve particulièrement intéressantes :

https://www.franceculture.fr/emissions/la-conversation-scientifique/quel-modele-economique-pour-la-transition-ecologique

S.F.G.

  • 1 Anthropocène : période actuelle des temps géologiques, où les activités humaines ont de fortes répercussions sur les écosystèmes de la planète (biosphère) et les transforment à tous les niveaux. On fait coïncider le début de l’anthropocène avec celui de la révolution industrielle, au XVIIIème siècle (Larousse)

2 commentaires sur « Illusion financière de Gaël Giraud Présentation »

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